Proche de la ligne de partage des eaux entre Rhône et Pô, au point d’y permettre une courte transgression, cette randonnée facile et agréable permet de découvrir la montagne pastorale dans toute sa splendeur : troupeaux et bergers au milieu d’un décor alpestre agrémenté de lacs, différentes morphologies d’origine glaciaire, le tout encadré d’aiguilles plus ou moins ruiniformes mais parfois fort impressionnantes, comme la Tête de Moïse (3 104 m) (appelée également Monte Orrenaye). C’est que, justement, les montagnes peuvent avoir un nom différent d’un versant à l’autre sans être pour autant des barrières. En effet, ici, entre Ubaye et Stura ou entre Ubaye et Maïra, existe une certaine unité culturelle et linguistique. C’est qu’autrefois, ces vallées piémontaises étaient sous l’influence provençale, région alors dominante, et les montagnards avaient alors plus d’échanges par les larges cols du Roburent ou de Larche que par les gorges des basses vallées. Ce n’est qu’après le traité d’Utrecht (1713) que les Etats modernes et leurs frontières ont cassé cette entité culturelle établie sur les deux versants, comme en témoignent les bornes frontières à la fleur de lys d’un côté et à la croix de Savoie de l’autre.