Avez-vous vu cette bien curieuse église, cachée derrière une étrave de pierre ? L’explication qui suit est de Paul Payot : « La tradition rapporte qu’il y eut une véritable lutte entre les deux principaux villages, le Mollard et le Siseray, qui exigeaient le sanctuaire. Une nuit, une croix fut trouvée érigée entre les deux villages rivaux et l’église fut construite en ce lieu, où elle a toujours été rebâtie, malgré plusieurs destructions partielles. »

Débutez la randonnée par la vieille route envahie par l’herbe et traversez le Siseray protégé lui aussi des avalanches aux trajectoires capricieuses par un solide mur. Au hameau du Crot et après une petite visite de l’atelier du bois, le chemin s’insinue à droite entre les maisons. Vous remarquerez les petites tuiles en bois (tavaillons) sur certaines façades ainsi que des granges montées sur pilotis (les raccards, racas appelés aussi regards). Guidée par des murets de pierre, la montée débute véritablement, les prés s’effacent devant les noisetiers colonisateurs.

Dans une dernière clairière où s’épanouissent de superbes circés laineux (sorte de grand chardon), la neige et les débris arrachés par les avalanches peuvent constituer un obstacle à la progression en début de saison. Un agréable chemin serpente à travers la forêt avec parfois de belles ouvertures sur la vallée.

Traversez puis remontez le toboggan naturel du couloir d’avalanche des Quiches pour arriver à hauteur des derniers arbres et arbustes. Lieux de vie du tétras-lyre (petit coq de bruyère), chaque printemps au lever du jour et parfois même l’automne, les mâles s’affrontent sur les places de chant sous les regards des femelles. Vient ensuite l’exubérance de la flore des zones humides, plus loin la prairie surpâturée et son cortège de gentianes, anémones et orchis vanillés.

À la vue d’un gros rocher surmonté d’une croix, 10 minutes de marche vous séparent du refuge, visible rapidement. Par-dessous, c’est un ensemble de petits bâtiments construits côte à côte, tel un toit d’usine. Chacun pouvait loger une dizaine de vaches des races d’Abondance, Tarine et d’Herens (originaire de Suisse). En arrière, le refuge a remplacé la Chavanne. C’est là que le fruitier (fromager) assisté du séracier procédaient à la fabrication du gruyère. Le boveron avait pour tâche de sortir le fumier, le boutsi assurait la provision de bois. Venaient s’ajouter trois bergers, dont un maître berger responsable des soins aux bêtes et du choix des lieux de pâturage. Ainsi, jusqu’en 1963, l’ensemble des vaches confiées de fin juin à fin septembre libéraient les hommes du village pour les travaux des champs, quand la pauvreté ne les exilait pas dans les alpages italiens et savoyards.

Pour le retour, je vous propose de revenir à la croix et de suivre cette fois le chemin de droite. Toujours en suivant l’indication Vallorcine par le Nant (nant = torrent) et à travers la forêt, vous franchirez le pont du Nant de Loriaz suivit 10 minutes plus tard par un court passage sur une piste carrossable. La quitter pour descendre sur la gauche. De retour à la RN 506 sur 50 mètres seulement, revenez en direction de la Suisse. Traversez le hameau du Plan Droit qui se prolonge par l’ancienne route jusqu’à l’église.