De son côté, l’Arabie saoudite craint un soulèvement qui aurait pour origine des revendications démocratiques, tout particulièrement de sa minorité chiite. HARTT P.T. Concernant l’Arabie saoudite, l’ambassadeur étasunien Parker T. Hart raconte qu’en 1963, le Prince Fayçal lui confiait : « Depuis 1943, je considère que les intérêts de mon pays et de ma communauté sont les mêmes que ceux des États-Unis. Il est toutefois difficile de savoir dans quelle mesure l’Iran et l’Arabie saoudite pourraient se venir en aide mutuellement. (2016), L’Iran de 1800 à nos jours, 3ème édition, Flammarion. Entre l’Iran et l’Arabie Saoudite, les deux colosses du Golfe, l’histoire est tumultueuse.Divergeant du point de vue religieux – Téhéran est chiite, Ryiad sunnite – et linguistique, les deux pays luttent pour la domination régionale. On le voit notamment à leur traitement dans le Pacte national libanais de 1943, définissant la réparation religieuse des pouvoirs, où seul le président de l’Assemblée nationale est obligatoirement chiite. [5] STEVEN EKOVICH « L’Arabie saoudite et les États-Unis : une alliance ambivalente et pérenne », Confluences Méditerranée, numéro 97, Printemps-Été 2016, [6] MARIE VIOLETTE BERNARD , « La CIA reconnaît avoir orchestré le coup d’état Iranien de 1953 », Libération, 20 août 2013. Ainsi, Téhéran a eu peur d’une prise de pouvoir par Al-Qaïda ou Daech à Damas, les deux étant véhément anti-chiites, et ayant des liens plus ou moins confirmés avec l’Arabie saoudite. La rivalité culturelle persan/arabe n’a jamais cessé, mais il n’y a jamais eu de conflit politique majeur et direct entre l’Iran/Perse et le monde arabe avant la guerre Irak-Iran qui n’avait rien d’un conflit ethnique ou religieux. Il faudra attendre les accords de Genève, en 2013, puis de Vienne, en 2015, pour que la situation évolue en prévoyant la levée des sanctions économiques contre l’Iran, ce qui ne fait pas le jeu saoudien. "Le Yémen est un premier terrain de coopération potentiel selon Yasmine Farouk, du Carnegie Endowment for International Peace. Par la suite, Rafic Hariri est nommé à la tête du gouvernement en octobre 1992. La foule hue alors Yazid lorsqu’il monte sur scène : ceci fait partie d’un folklore religieux et ne constitue absolument pas un phénomène politique. En cause, notamment, le, limogeage du lieutenant-général Abdel Wahab Al-Saadi, commandant en second du service irakien de lutte contre le terrorisme (CTS). Dans le golfe Persique, un déluge de feu s'abat sur les navires ennemis. La moindre étincelle peut mettre fin à tout espoir de détente. La cristallisation des tensions est palpable comme en témoigne cet échange entre Adel al-Judeir, ministre des Affaires étrangères saoudiennes et un politicien libanais : « Êtes-vous avec nous ou contre nous ? Des frégates flanquées du drapeau vert de l'Arabie saoudite foncent vers les côtes iraniennes. A ce traumatisme s'en ajoute un second : l'effondrement des cours du pétrole à cause de la pandémie. Une guerre des missiles, oui. (1998) Saudi Arabia and the United States : Birth of a Security Partnership, Indiana University Press. - Avec AFP. « La fraternité chiite passe après la garantie de la sécurité nationale », relève Bernard Hourcade. Ripostant, Adel al-Jubeir exige le retrait des troupes iraniennes, impératif non négociable pour maintenir des relations de « bon voisinage », tandis que Téhéran comptait plus de 2000 Gardiens de la révolution en Syrie [10]. L'Iran menace d'un "champ de bataille", après les représailles aux attaques contre des installations pétrolières en Arabie Saoudite. Pour quel objectif ? L’alliance conclue depuis 1980 entre les deux régimes s’explique par une opposition commune à Israël et à un ordre mondial dominé par les États-Unis. Nul doute que le prince héritier saoudien, mordu de jeu vidéo, a savouré ce film d'animation dont il est le héros, mis en ligne par un mystérieux compte YouTube, à la fin de 2017. D’ailleurs, comme le rappelle Radwan el-Sayyed, ancien conseiller de Saad Hariri, les Saoudiens jouent la carte de la discrétion : « C’est normal qu’ils soient discrets pour que leur position ne soit pas utilisée contre les mouvements populaires, accusés d’être influencés ou manipulés par Riyad ». Le ton monte. Les relations entre l’Arabie saoudite et l’Iran ont toujours été tendues, précaires et difficiles. Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hezbollah, condamne fermement la sentence : « l’exécution du cheikh Nimr constitue un sérieux crime commis par la famille des Saoud », Le 10 janvier 2016, les ministres des Affaires étrangères de la Ligue Arabe éditent un communiqué de soutien à l’Arabie saoudite face aux, . Il s’agit là d’une instrumentalisation classique en relations internationales. 8 déc. « L’Empire perse sassanide a été islamisé mais pas arabisé. Le second « i » est celui de l’islam : le fait religieux. Ce « retour aux sources » devient politique et sa vision radicale exclut toutes les traditions postérieures au Coran, refusant l’interprétation, phénomène propre aux chiites. En effet, sur les domaines tant politique qu’économique, l’Arabie saoudite n’était pas aussi forte qu’aujourd’hui, et l’Iran proclamait tout juste sa nouvelle Constitution après la révolution islamique. Bien que soudaine, cette dégradation des relations entre les deux grandes puissances de la région n’a pas pour autant été perçue comme un coup de tonnerre ; les rapports qu’entretenaient Ryad et Téhéran étaient en effet loin d’être au beau fixe, les deux États… Le premier « i » est celui de l’Iran : un État, une culture, une économie. RESPONSABILITE Une attaque par drones a provoqué des … La Premier League regroupe les seize meilleurs clubs du pays au sein d'une poule unique, où ils s'affrontent deux fois au cours de la saison, à domicile et à l'extérieur. Si le paramètre confessionnel est à prendre en compte, il ne peut être pensé comme étant la substance des explications sous-jacentes de l’affrontement des deux « Grands ». , mettant par la suite fin aux dérogations autorisées à la Chine et à l’Inde notamment. En dénonçant l’émergence du croissant chiite – ou de l’arc -, élément repris dans un document de la CIA “, , l’Arabie saoudite se positionne ainsi comme leader du monde arabo-musulman. En Syrie, affirmation de la puissance iranienne sur le plan diplomatique [8]. La rivalité entre l'Iran et l'Arabie Saoudite structurera l'actualité mondiale en 2020… comme les années précédentes. Et toutes les parties prenantes ont intérêt à œuvrer pour la sécurité de l’acheminement en pétrole et l’accès aux détroits stratégiques. Pas moins de 150 attaques ont visé le royaume depuis le début de l'année. Tout ce qui s’y passe concerne directement le Royaume. Le 4 décembre 2015, à Vienne, lors de la réunion de l’OPEP, le ministre iranien du pétrole prévient : « Nous n’accepterons aucune discussion concernant l’augmentation de la production iranienne après la levée des sanctions », . LITVAK M. HOURCADE B. SAMUEL A.T. (2017) Constructing Nationalism in Iran, Routledge. Mais, ils n’ont pas une culture impérialiste : c’est un pays qui n’a jamais conquis de territoires adverses – sauf sous Darius au VIème siècle av. QUESNAY A. VERDEIL C. (2 mars 2020) L’Irak en mouvement, entre révolution et guerre civile, table ronde organisée par l’Inalco. Pendant ce temps, le bloc sunnite constitué de l’Arabie saoudite, du Qatar et de la Turquie apparaît divisé. Être trop radical contre la République Islamique n’est pas une solution durable. Veuillez réessayer. C’est un dur revers pour l’Arabie saoudite qui reconnaît sa défaite, mais laisse présager un recentrage de ses forces sur les dossiers irakiens et yéménites. & THERME C. (printemps-été 2016), Iran / Arabie saoudite : une guerre froide, Confluences, n°97, l’Harmattan, printemps-été 2016. Interviewé par Classe internationale, Bernard Hourcade, directeur de recherche émérite au CNRS et membre du Centre de recherche sur le monde iranien, pose les fondements de sa réflexion et déconstruit nombre d’idées préconçues : « Ces deux objets politiques (L’Iran et l’Arabie saoudite, NDLR) n’existaient pas il y a 40 ans. Nous ne différons en rien de fondamental… Après Allah, nous avons confiance en l’Amérique » [4]. » De fait, l’Iran a une expertise historique dans cette technologie : Téhéran est, en effet, la troisième ville au monde à avoir été bombardée pendant la Seconde Guerre mondiale. A l'approche de la présidentielle, ce 18 juin, le camp des réformateurs, incarné par le chef de la diplomatie, Mohammad Javad Zarif, joue la carte du dialogue avec l'Occident, en revenant à la table des négociations sur l'accord nucléaire. [1] Merci à Kal, auteur de ce dessin pour The Economist, repris sur de nombreux médias en ligne. En réaction, le Conseil suprême de sécurité iranien désigne les forces américaines comme organisation terroriste. HOURCADE B. MARDAM BEY S. & SAIKALI É. LEVALLOIS A. Déconstruisant cette idée de guerre religieuse, Bernard Hourcade nous invite à analyser l’Iran à travers le concept des trois « i ». Proche de l’effondrement, le régime de Damas est sauvé. Vous ne pouvez pas être les deux à la fois ». Tandis que l’Arabie saoudite comptait sur une intervention américaine pour soutenir les milices sunnites, refusant catégoriquement de négocier avec Bachar Al Assad, le Qatar et la Turquie soutenaient pour leur part des groupes affiliés aux Frères Musulmans. (Décembre 2017), « Singulière amitié entre Riyad et Washington ». À ce titre, les attaques délibérées et systématiques – revendiquées par les rebelles Houthis -, contre ses installations pétrolières et dans le détroit d’Ormuz, où transite 20 % du pétrole mondial, sont une menace réelle. Washington, parrain historique des Saoudiens dans la région, ne bouge pas d'un iota, malgré la relation privilégiée entre Donald Trump et MBS. NAVHANDI F. (22 janvier 2020) « Iran/ Etats Unis : une amitié oubliée ». De fait, au XIXème siècle, les États-Unis se pensent comme un des leaders du « tiers monde » et dénoncent l’impérialisme russe et britannique en Iran. Bien que les chiites soient majoritaires au Liban, ils ont longtemps été marginalisés. D’après Bernard Hourcade, cette guerre est la « clef de lecture de tout ce qui se passe en Iran : les gens qui ont fait la guerre Irak/Iran sont aujourd’hui les cadres du pouvoir ». Il joue la carte chiite auprès des populations mettant en valeur les grands lieux saints chiites irakiens comme le mausolée de l’imam Ali à Najaf, ou celui de l’imam Hussein à Kerbala. Mais, ils n’ont pas une culture impérialiste : c’est un pays qui n’a jamais conquis de territoires adverses – sauf sous Darius au VIème siècle av. Bagdad n’entretenait auparavant que peu de relations diplomatiques avec l’Arabie Saoudite. ». Infiltrée par les renseignements israéliens, la république islamique est très vulnérable." Tout bascule le 4 novembre 1979 lorsque des étudiants attaquent l’ambassade américaine et retiennent 52 ressortissants étatsuniens en otages : ils demandent que les États-Unis leur livrent le Chah en échange. En effet, répondant au « I » d’International, une majorité d’Iraniens militent pour le rétablissement des relations irano-étasuniennes. « La fraternité chiite passe après la garantie de la sécurité nationale », relève Bernard Hourcade. (Février 2018), « l’Iran se réinvente en puissance régionale », Le Monde diplomatique. L’une des guerres d’influence majeure entre l’Iran et l’Arabie Saoudite se déroule en Irak. En Syrie, la guerre fait rage depuis 2011 : au cours de cet affrontement, l’Iran et l’Arabie saoudite abattent leurs cartes. De fait, la bombe atomique doit être vue, au-delà de l’arsenal militaire, comme un instrument et une arme politique, avec un risque de prolifération qui pourrait s’avérer fatal. Le Liban commet alors l’erreur de ne pas signer ce texte en précisant garder ses distances. » Le Monde, 2016. Analyse : Samuel HUNTINGTON, Le choc des civilisations. La sécurité maritime en est un autre : le pétrole - transporté par bateau - fournit aux deux pays leur principale source de revenus." Par ailleurs, au niveau des budgets militaires, l’Iran apparaît comme ayant un budget bien plus faible que celui de l’Arabie saoudite, avec un total qui atteindrait près de 13,2 milliards de dollars en 2018 contre 67,6 milliards de dollars pour le royaume saoudien (2). Cette « coalition » arrive dans la province d’Idleb en mars 2015 et menace Lattaquié, un des fiefs du régime des Assad. Ainsi, le parrainage saoudien s’est manifesté dès la supervision de la signature de l’accord de paix – accord de Taëf, 1989 – mettant fin à 15 ans de guerre civile. Retrait américain d'Afghanistan, fin de l'ère Castro à Cuba...... Yossi Cohen, l'espion devenu ennemi numéro 1 de Téhéran, Charlie Hebdo : cinq ans après le choc, le procès, La commission européenne d'Ursula von der Leyen, Alexeï Navalny, opposant russe à Vladimir Poutine, Coronavirus : les entreprises s'adaptent face à la crise, Elon Musk, milliardaire mi-mégalomane, mi-visionnaire, Conflit entre l'Arabie saoudite et l'Iran. « L’Arabie saoudite n’a jamais accepté que le Yémen soit indépendant », explique Bernard Hourcade. De quoi hypothéquer le projet phare de l'héritier de la couronne, Vision 2030, censé transformer l'économie du royaume et attirer les investisseurs étrangers. Tout ce qui s’y passe concerne directement le Royaume. Dès le lendemain, les relations diplomatiques sont rompues entre les deux pays. Six mois plus tôt, le dignitaire trentenaire avertissait : "Nous n'attendrons pas que la guerre arrive chez nous et ferons en sorte qu'elle ait lieu en Iran.". Au contraire, le prince montre un tout autre visage. , il semble aujourd’hui clair que l’Arabie saoudite « ait démissionné Hariri » en le séquestrant. Les champs obligatoires sont indiqués avec *. S’ensuit un mois de janvier marqué par des mouvements populaires dans le Nord-Est chiite du royaume d’Arabie saoudite, tandis qu’en Iran, des manifestants en colère attaquent l’ambassade saoudienne, à Téhéran, et le consulat, à Mashhad. Les différences théologiques surviennent donc après ce schisme politique. Actuellement, en Irak, les manifestations populaires se multiplient pour réclamer la fin du régime politique mis en place depuis 2003 et le départ de l’Iran, . Cette population présente un enjeu stratégique majeur dans la mesure où elle habite dans les régions pétrolières et que Riyad, longtemps premier exportateur mondial de pétrole, dépend à 90% des revenus de l’exploitation de l’or noir. « Une guerre directe n’est pas possible : ni l’Arabie saoudite, ni l’Iran n’en n’ont les moyens. Ce facteur national est à prendre en compte dans la mesure où l’Iran est historiquement le premier pays indépendant du Moyen-Orient, premier pays musulman signataire du Pacte de la Société des Nations et du traité de Versailles. » Ultimatum de Trump Les deux nations deviennent alors les représentantes de la promotion des intérêts américains dans le Golfe, garantissant la sécurité de la fourniture en pétrole. De la même façon, pendant la guerre contre l’Irak, l’Iran a accepté d’acheter des armes israéliennes. Par la suite, Riyad cherche à frapper le Hezbollah avec pour mesure phare, le 26 mars 2015, le gel des avoirs en Arabie saoudite de douze dirigeants présumés du Hezbollah et d’organismes économiques qui lui seraient rattachés, après que le ministère de l’Intérieur ait accusé le parti chiite de « provoquer le chaos » au Moyen-Orient. « Les Iraniens ont voulu contrôler l’Irak au lieu d’avoir une influence en Irak, . Iran, Arabie Saoudite, Israël... Ces pays où l'on assiste à un rebond du Covid-19 17h18 , le 12 juin 2020, modifié à 12h09 , le 13 juin 2020 HOURCADE B. Riyad fait exécuter le cheikh Nimr, opposant saoudien de confession chiite. Tout allait bien entre les deux pays jusqu’en 1978 : la révolution éclate. En 2019, la situation au Yémen est qualifiée de pire crise humanitaire au monde. Deux tribunes, cosignées dans des journaux anglo-saxons par Hossein Mousavian, ex-porte-parole des négociateurs iraniens sur le nucléaire, et par Abdulaziz Al-Sager, intellectuel proche du royaume saoudien, en témoignent. Le Liban commet alors l’erreur de ne pas signer ce texte en précisant garder ses distances « afin de préserver sa stabilité nationale ». En 1981, après la signature d’un accord, les otages sont libérés. L’Iran considère en effet la Syrie comme son unique allié arabe historique. Des frégates flanquées du drapeau vert de l'Arabie saoudite foncent vers les côtes iraniennes. Le ton monte. D’autres choisissent de suivre Abou Bakr, compagnon de Mohammed, qui forgera le sunnisme. D’après Andrew Scott Cooper, la stratégie des Saoudiens a précipité l’économie iranienne vers une récession qui conduira à la révolution islamique. En cassant la dynamique de dégel « double voie » amorcée par Barack Obama, Donald Trump s’inscrit dans le prolongement des politiques étrangères de ses prédécesseurs.